LA DANSE / LES OLIVIERS

M14_Mois_de_la_photo_bannieresMOIS DE LA PHOTO PARIS 14ème 2014 / Fondation Hospitalière Sainte Marie – Paris

LA DANSE ET LES OLIVIERS – Guy Divetain

LA DANSE - Photo: Guy Divetain

Avant que d’être un photographe, Guy DIVETAIN est un paysan. Ou parce que c’est un paysan, il devient étonnant de considérer son art photographique ! C’est une donnée assez constante que les photographes sont souvent habités d’une passion étrangère à l’usage de l’appareil photographique. Curieusement on imagine pas le paysan embarassé d’un tel appareil. Trop pris par les servitudes du travail …Le paysan n’est que paysan mais Guy Divetain, lui, préfère le travail du bois … Donc avant que d’être photographe, Guy Divetain est menuisier. Ou parce qu’il est menuisier, ses photographies sont source d’étonnement.

Alors l’affaire est entendue, Guy Divetain serait un touche à tout ….Pas du tout ! C’est un homme de main …Un manuel. La main est un outil étroit qui enserre, qui enferme et qui capte les choses au plus près. Avec ce goût là, Guy Divetain cultive son toucher, et tient la réalité, la sienne comme celle du monde à portée de doigt. Bref il est homme de doigté que l’on peut comprendre comme délicate attention à ce qui l’entoure. Il se trouve que ce qui l’entoure  va du plus prés au plus loin et pour le lointain son œil prolonge et cultive son appétit de toucher. Guy Divetain est quelqu’un de touchant et cette légère émotion, cet émoi fragile et cristallin est précisément la signature de son art. On peut parler d’ art mais lui ne l’entendrait pas de cette oreille, il rectifirait qu’ art c’est beaucoup dire, pour une mise au point sans ambages: j’aime faire des photos.

La photo selon son cœur , se nomme Cartier-Bresson, Doisneau, Dieuzaide… Il dirait: j’ai eu de la chance, j’ai rencontré des gens biens: Jean-Loup Sieff, Jean-Claude Lemagny (Responsable de la photographie à la Bibliothèque Nationale de Paris …C’était en 1977.) Et Carolyn Carlson et Susan Buirgue ! Là, vous l’interrompez: Carolyn Carlson, Susan Buirgue ne sont pas des références photographiques mais des sommités internationales de la danse ! Tu voulais les photographier ? Et il vous répondrait: non pas spécialement, mais j’aime la danse elle me touche  et c’est vrai que j’envisageais volontiers d’en capter l’humeur, d’en respirer les secrets et j’ai eu la chance de pouvoir le faire avec le ballet de Nice finalement  au début de ce siécle.

Bon, on l’aura compris, Guy Divetain tutoie, à l’instar de Prevert, avec son appareil photographique tout ce qu’il aime. Chaque photo est une histoire d’amour. À quoi s’ajouterait que le talent de Guy Divetain est nourri d’une mémoire … La mémoire de ses origines, paysannes donc, la mémoire des paysages de son enfance qu’il transporte avec lui, sous toutes les latitudes : qu’il soit à New York,  Paris, Nice ou confiné dans une salle de spectacle …Toujours, il s’ouvre un horizon et nous en propose le mouvement car ce qui hante ce paysan, cet arpenteur des landes, c’est la mer.

Elle est comme un spectre vivifiant qui anime sa vision de toute chose. «Homme libre toujours tu chériras la mer!» professait Charles Baudelaire. Homme libre, voilà au final, le commun et la singularité de Guy DIVETAIN. Le commun puisqu’il en offre à travers ses photos, le partage. Singularité parce qu’à ce jeu qui le conduit sans cesse vers l’autre, il finit par se distinguer radicalement et affirmer sans fofanterie, sa différence. Quel que soit l’endroit où son œil se pose, un paysage se cristalise: qu’il s’agisse de corps qui dansent ou de ses oliviers, il saisit le  grave et la gravité du moment, il produit donc par un instantané, une capture saisissante … Jeu d’équilibre entre une patience infinie et la vivacité du geste. Paradoxe ou sagesse ancéstrale du chasseur, du pêcheur ou de celui qui cueille l’offrande de la terre. Guy Divetain procède de ces univers. Gravures, eaux fortes, Guy Divetain explore de l’œil, ce que sa main éprouve, avons-nous relevé. Sa potion magique s’appelle l’argentique et les bains de laboratoire. Il aime que la photo ait à révéler le monde et toi, le passant qui en regarde l’épreuve, prends garde de ne pas t ‘en voir illuminé. Il arrive que la lumière soit .

Jean-Pierre Dupuy
Juin 2014

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